Les yeux encore mouillés, la bouche entrouverte, je n'eus pas le courage de sortir de ma tente. Autant pour l'effort que je devais fournir pour y arriver mais aussi à cause de cette tête de cul. Si quelqu'un me voyait, là, en ce moment, j'étais juste mort. J'entrepris de chercher un miroir dans une vieille besace puante qui trônait entre le tissu de la tente et le lit de camp, mais je me souvins avec une moue déçue que je l'avais lancé à la figure de mon ennemi lors d'un combat. Mais mon visage s'illumina lorsque je me remémorais le morceau de verre qui lui avait transpercé l'oeil et mon éclat de rire enfantin. Je fouillais mon sac tout en faisant les cent pas, et ayant compris que je ne trouverais pas mon bonheur cette fois, je le jetai derrière moi et marchai comme un zombie vers la sortie de la tente. Je passai une main dans mes cheveux pour les positionner plus ou moins correctement, fermai ma bouche en appuyant sur mon menton ( mes yeux sortirent de leurs orbites car je me mordis la langue ).

Étant donné qu'il faisait froid dehors et que l'aube pointait seulement le bout de son nez, je mis un pull propre et en profitai pour me changer - entre temps j'étais entré dans la tente, je ne suis pas encore strip teaseur. J'ai bien dit : pas encore.
Je me sentais mieux. Malheureusement, personne n'était réveillé.

« Bande de cons. Il savent pas se lever plus tôt ? Non mais je vais foutre QUOI maintenant ? »

Alors que je m'énervais seul, j'avais attrapé instinctivement mon épée dans son fourreau, glissé deux couteaux à ma ceinture et lancé une gourde pleine dans mon vieux sac. Je griffonnai un mot avec dessus écrit « J'reviens » et le posais sur la vieille table en bois du Mage du Clan qui servait aujourd'hui de table d'opération. J'observai un moment les taches de sang séché et les restes de plantes qui y étaient resté gravés avant de sortir du Camp en trombe et d'enfourcher Rodrigo à la vitesse de l'éclair.

« Allez mec, tape toi un triple galop. Sinon j'te file pas de foin, trouduc. »

Mon Allatis ne bougea pas et fit une ruade. Paniqué, je m'accrochai de justesse à son encolure avant d'éclater de rire, et mon cheval fit de même.

« Je t'assure que j'aurai mon foin. »

« Peut-être », ajoutais-je, encore un grand sourire au lèvres.

Rod fila à toute vitesse à travers la forêt. Les branches me fouettaient le visage ( cette sale bête visait les branches basses exprès, ce qui le faisait éclater de rire, et pas moi ! ), et lorsque je le repassai au pas pour le laisser souffler, je me dis que je devais ressembler à un gosse battu ou à moitié bouffé par un ours. Je m'arrêtai près d'un ruisseau et mis pied à terre. Une brise légère me calma et je finis même par me coucher au pied de mon cheval pour piquer un petit somme en attendant l'arrivée du soleil. Un léger coup de sabot sur le torse me réveilla et m'indiqua que je devais reprendre la route. Mon visage ne me piquait plus et mes marques devaient être désormais effacées.

Alors que j'enfourchais l'étalon bai brûlé, je lui intimai le silence. Un craquement léger que j'aurais très bien pu manquer si mon Allatis ne m'avait pas obéi. Je tournai la tête et fis pivoter mon étalon alors que j'observais une chevelure châtain à peine visible, la chevelure reconnaissable d'une jeune femme que je ne connaissais que trop bien.

J'ouvrais les yeux. Pan était couché sur moi, les yeux clos, le souffle lent et régulier. Lorsque je m'assis sur mon lit pour mieux me réveiller, il entrouvrit les paupières, me regarda d'un air endormi avant de replonger dans son sommeil. Je repoussais doucement la couverture avant de me lever. Je me dirigeais vers le morceau de verre qui me servait de miroir accroché au tissu de ma tente, et regardait ma tête toute ébouriffé. Je m'étais rapidement de l'ordre dans mes cheveux a l'aide de mes mains, et allais vers la sortie. Je regardais par la fente au dehors. Personne. Le soleil au loin traçait une fine ligne de jaune oranger dans le ciel encore sombre. L'aube pointait à peine.

Je rentrais en frissonnant. Je cherchais dans la mâle qui me servait de coffre pour mes vêtements et mettait ceux que j'avais déjà porté hier, en l'occurrence un pantalon en cuir serré, une chemise sous ma veste. J'enfilais mes chaussures avant de réveiller Lorenzo qui fit la grimace en se levant à contrecoeur. Il sauta du lit pour mieux me permettre de le mettre en ordre. Une fois le drap et la couverture en peau de vache tirer sur le lit de camp en paille inconfortable, je prenais mon arc et mon carquois avant de sortir enfin de ma tente. Je froid me pris au cou malgré que nous sommes dans la saison la plus chaude de l'année. Je grelotais en me dirigeant vers la sortie lorsque Jehan m'interpela :

- My, où tu vas ?

Je lui adressais un sourire en guise de réponse. Il saurait parfaitement où je me rendais. Jehan me connaissait mieux que personne. Il me rendit mon sourire tandis que je lui tournais le dos. Passant l'entrée du camp en ronces et barrière de bois, je baissais les yeux sur Pan qui hocha la tête. Avant même que je puisse lui faire part de mes projets, il s'élança a travers la forêt. Je penchais la tête avant de le suivre. Mais un tigre pouvait malheureusement courir bien plus vite qu'un homme. Il n'eut pas grande difficulté à me distancer, et je lui lançais en pensée :

« Attends moi ! »

Essoufflée, je le retrouvais assis derrière un tronc d'arbres. Il me regarda d'un air triomphant, en me rabrouant :

« Je t'ai encore battu. Comme d'habitude ! »

Je lui adressais un regard noir mais tout de même affectueux. Je passais ma main sur ses oreilles comme je le faisais depuis que j'étais toute petite. Les Terres Libres approchaient. Je franchis la ligne invisible, et marchais soudainement plus lentement, plus agilement, écoutant tous les sons des bois. Un bruissements d'ailes me parvint dans les hauteurs. J'attendais. Rien ne vint. Lorenzo poussa un léger rugissement et un oiseau noir s'envola, apeuré. Je bandais mon arc, et tirais. Le volatile s'écrasa quelques mètres plus loin, inerte.

« Bien joué. »

J'attachais ma proie à ma ceinture, à côté de on couteau, toujours accroché là en cas de nécessité. Tandis que j'avançais à pas feutrés, une chevelure brun foncé et une crinière apparurent entre les branches, près d'un étang. Je priais pour que ce ne soit que le fruit de mon imagination qui me joue des tours, mais malheureusement pour moi, Campino se tenait bel et bien devant moi, avec une tête encore un peu endormi, d'ailleurs. Je gardais toujours une main sur mon arc, prête à attaquer en cas de besoin car avec cet individu imprévisible, il fallait toujours être prêt.

« Reste sur tes gardes, Pan. »

Mydria se montra, ainsi que son Allatis, un jeune tigre que je n'avais encore jamais vu. Il est évident que je n'avais pas souvent eu affaire à la chef des Trèfles. Mon visage prit soudain une tournure plus sérieuse et mes yeux s'ouvrirent entièrement. L'idée d'un combat avait éveillé mon corps entier, je me sentais à présent en pleine forme...
Je souris cependant en remarquant la main de la jeune femme posée sur son arc, l'air méfiant, et son Allatis dont les yeux étaient sans cesse posés sur Rodrigo, celui-ci lui rendant ce regard. Mon coeur se mit à battre la chamade et mon sourire s'agrandit. La fille était plutôt jolie, habillée d'un pantalon de cuir serrant, d'une chemise et d'une veste. Je descendis de cheval, les mains dans les poches, et l'épée dans le dos.

« J'm'y attendais pas à celle-là. Mais c'est une bonne surprise... »

Un rire léger me traversa le corps. Je posai mon regard sur son arc, pour lui faire comprendre que j'avais remarqué sa méfiance.

« Tu veux t'battre ? Si pas enlève ta main de là, ça m'fait peur. »

Je souris. J'attends quelconque réaction de sa part.

- J'm'y attendais pas à celle-là. Mais c'est une bonne surprise...

Tandis que j'attendais derrière les arbres, en vue mais néanmoins cachée, je l'entendis dire tout haut à son Allatis du "mal" de nous, mais avec une voix plutôt, satirique. Son air sarcastique se transforma en un petit rire léger. Je levais les yeux au ciel. Cet individu était vraiment des plus... Comment dire ? Idiot ? Oui peut être que ce mot qualifierait bien ce personnage énigmatiquement mauvais.

- Tu veux t'battre ? Si pas enlève ta main de là, ça m'fait peur.

Il sourit, toujours avec ce même sourire sarcastique qui m'exaspérait au plus haut point. J'eus un sourire en coin, discret, mais pas trop pour qu'il le voit tout de même. Lui ? Peur de mon arc ? Il voulait aussi me faire croire que son cheval était un hamster pour couronner le tout peut être ?! Je n'avais aucune intention de me battre, mais si tel était sa volonté je pouvais sûrement changer d'avis.

- Je n'ai aucune intention de me battre, mais je n'ai non plus nullement envie de lâcher mon arc, car ce n'est pas un compliment que je te fais, mais tu as toujours eu un gout prononcé pour les coups foireux, Campino.

Je remarquais l'exaspération au plus haut point de Mydria, ce qui allongea encore mon sourire. Je l'observais attentivement, guettant tout geste suspect de sa part. Elle garda la main sur son arc et me lança :

- Je n'ai aucune intention de me battre, mais je n'ai non plus nullement envie de lâcher mon arc, car ce n'est pas un compliment que je te fais, mais tu as toujours eu un gout prononcé pour les coups foireux, Campino.

Sa remarque me fit éclater de rire, puis je réussis à reprendre mon sérieux quelques secondes plus tard.

« Moi ? Des coups foireux ? T'as p'têtre raison. Mais j'ai le droit d'être méfiant aussi, alors. »

Je sortis mon épée de son fourreau sans geste brusque et la plantai dans la terre en la tenant encore par le manche. Je la regardai droit dans les yeux et souris de nouveau.

- Moi ? Des coups foireux ? T'as p'têtre raison. Mais j'ai le droit d'être méfiant aussi, alors.

Sa façon de parler était comme son sourire qu'il arborait fièrement. Sarcastique. Lentement, il passa la main dans son dos et en sortit une longue épée. Il planta sa pointe dans le sol mais en tenant toujours son manche par la main. Il me fixa de ses yeux noisettes et sourit de nouveau. Bon, puisque c'était ainsi, alors d'accord.

« Pan, fait bien attention au sabots de son Allatis. On attaque ! »

Il sauta sur le dos de son cheval tandis que j'attrapais à la vitesse de l'éclair une flèche dans mon carquois et la coinçais dans mon arc. Je le bandais, prête à tirer, attendant surtout la réaction de Campino qui n'avait toujours pas bougé. Je dirigeais ma flèche vers son épaule car je n'avais aucune raison de viser autre part pour ne pas le tuer.

Bien avant que Mydria et son Allatis n'attaquent, j'avais déjà compris. Rien que leurs regards et le petit moment de réflexion de la chef des Trèfles qui devait avoir donné le signal à son tigre m'avait suffi. Celui-ci courut vers Rod et lui attaqua le dos. Instinctivement, je roulai au sol tandis qu'une flèche qui avait soigneusement visé mon épaule sifflait au dessus de moi. J'attrapai d'un geste mon épée et bondit vers Mydria qui avant déjà sorti une autre flèche.

Je jetai un regard d'une demi seconde vers mon Allatis afin de m'assurer, bien que je ne puis rien faire dans le cas contraire, qu'il allait bien. A l'aide de mon épée, je déviais une flèche, sans quoi celle-ci se serait immédiatement plantée dans ma jambe. Je fis mine de donner un coup d'épée vers la gauche pour blesser mon adversaire à l'épaule, mais déviais cette trajectoire afin de la déstabiliser et attaquai à droite subitement.

Juste avant que la flèche n'atteigne son épaule, le meneur des Piques roula sur le sol tandis qu'elle fusait au dessus de lui. Elle alla se planter dans un tronc plusieurs mètres plus loin. Je sortais une seconde flèche alors que Campino attrapait son épée.

Lorenzo était toujours sur le dos de son Allatis, plantant férocement ses griffes dans le pelage de l'étalon. Il fallait se faire déloger lorsque l'animal se cabra mais je dus détourner les yeux car son maître se relevait. Je lâchais ma flèche dirigée sur sa jambe, mais il l'a dévia a l'aide de son épée. Je pestais.

Il fit mine d'envoyer son sabre vers mon épaule gauche mais fit une feinte et me blessa plutôt au bras droit, sans que je puisse réagir. La douleur m'assaillit aussitôt, et je vis du coin de l'oeil que Pan également avait poussé un rugissement. Je grimaçais mais restais néanmoins concentrée. Sans attendre, je lançais mon arc et sortais mon couteau. Je n'hésitais pas à le planter dans la jambe gauche de mon adversaire, celle qui était le plus à ma portée.

Je touchai mon adversaire à l'épaule droite. N'abandonnant pas, Mydria sortit son couteau et me l'enfonça dans la jambe droite, m'arrachant une grimace de douleur. Instinctivement, je lui mis mon poing dans la figure, poing qu'elle esquiva avant de jouer de nouveau du couteau. Elle me blessa une deuxième fois, sur le torse, mais quand elle essaya de nouveau de frapper, je frappai son couteau avec mon épée. Mon adversaire faillit lâcher son arme, ce qui me donna le temps de la frapper à la poitrine avec mon poing. Cette façon de me battre assez barbare m'était familière, il était pour moi aussi normal que frapper avec les poings qu'avec l'épée. Je sortis un petit couteau de lancer et, m'éloignant d'elle, je tentai de la viser à l'autre jambe.

Tandis qu'il grimaçais de douleur, je tentais de le retoucher, mais il se releva et voulu m'asséner un coup de poing en plein visage mais instinctivement, j'esquivais le coup en baissant la tête. Je jouais toujours du couteau et je réussis ainsi à le toucher une seconde fois, au torse.

Pour la troisième fois j'essayais de lancer mon couteau mais mon agresseur le dévia à l'aide de son épée. Je faillis lâcher mon arme, ce qui détourna mon attention et laissa le temps au chef des Piques de me frapper en pleine poitrine. Le souffle coupé, pliée en deux, je vis Lorenzo lâcher prise à son tour et tomber a terre, dans le même état que moi.

Reprenant peu à peu mes esprits, je tentais de rattraper mon arc, ou mon couteau qui était plus près, mais en vain, j'étais trop loin. Alors que je me retournais pour me relevais, une douleur fulgurante se fit sentir dans mes jambes car Campino venait de me donner un coup de pied douloureux aux tibias.

Grimaçant de souffrance, je m'écroulais sur le sol. J'avais l'impression qu'il était capable d'appeler son Allatis et de lui ordonner de me piétiner sans aucune pitié. Mais son cheval restait toujours à regarder le tigre qui se roulait par terre de douleur. Mais j'eus le temps de reprendre mes esprits lorsque son maître se pencha vers moi, le sourire au lèvres.

Me relevant d'un seul coup et rapidement, il ne vit pas venir le coup qui suivit. Le prenant pas les épaules pour m'y appuyer, je levais ma jambe intacte, et d'un coup furtif, lançait mon genou entre ses deux jambes, en poussant un petit cri rauque, comme pour enfoncer plus profondément la douleur.

Je la regardais souffrir, pliée en deux. Mais je savais au fond de moi ce que combat n'était pas encore gagné. La chef de Trèfles tenta de se relever, et la seule objection que j'y trouvai fut un coup de pied puissant aux tibias qui la fit de nouveau tomber. La voir grimacer de douleur ne me fit pas de bien, je sentis juste un soulagement de courte durée étant donné que je repensais à cette phrase : « un combat n'est terminé que si le vaincu meurt ». Mais je n'allais pas la tuer... C'était une chose insensée et inutile... Ceci n'était un combat de satisfaction personnelle, une rencontre qui avait tourné en malentendu...

Je jetai un coup d'oeil furtif vers Rod afin de faire le bilan de la situation. L'Allatis adverse était couché à terre, rugissant de douleur tandis que le mien le regardait. Soudain, je lâchai à mon étalon par télépathie : « Mais arrête de le regarder bêtement. Il peut se relever n'importe quand. ». Ne m'attendant pas à obtenir de réponse, je me penchai vers mon adversaire toujours au sol. Un léger sourire se dessina sur mon visage.

Malheureusement, il n'eut pas le temps de le décorer longtemps : contre toute attente, Mydria s'agrippa à mes épaules et me balança la jambe droite dans les parties génitales. Je lâchai un hurlement de douleur, luttant pour ne pas joindre les mains à l'endroit concerné - une partie de mon cerveau continuait à penser à l'esthétique. J'avais l'entre-jambe en feu, et, voulant me venger, j'attrapai le couteau que mon adversaire avait laissé tomber quelques minutes plus tôt et me jetai sur elle avec un hurlement de rage. Je visai le côté gauche de ses côtes, elle esquiva tant bien que mal tandis que je donnais des coups à n'en plus finir.

Je parvins à la toucher deux trois fois tandis qu'elle, ayant récupéré une de ses armes, tentait de parer mes coups et de me blesser à son tour. Tout en reculant, je marchai sur mon propre couteau et le ramassai à la hâte. Bien que cela m'encombrait les deux mains, ça m'aiderait à parer les coups de mon adversaire qui luttait toujours.

Dès que les parties génitales du chef des Piques furent touchées, l'homme se plia en deux en poussant un cri de douleur. Son cheval se cabra aussi, se qui laissa le temps à Lorenzo de se relever tant bien que mal. Tandis qu'un petit sourire moqueur se formait sur mes lèvres, il plongea sur mon couteau dans un hurlement de rage.

Je voulus l'empêcher de s'en emparer, mais sans succès, le dernier coup que je lui avais porté l'avais apparemment mis hors de lui. Il me frappait de tous les côtés, principalement près des cotes, et je tentais de les esquiver, m'en recevant quand même plusieurs qui m'arrachèrent d'affreuses grimaces de douleurs. J'avais l'impression de me battre contre une furie. Comment l'arrêter ?

« Ce combat ne mène à rien, Pan. Aucun de nous n'a l'intention de se tuer, or comment cesser si aucun de nous ne capitules, car ce n'est pas mon intention. »

Etant à moitié coucher sur moi et m'écrasant sous son poids, il se releva et marcha sur son propre couteau, ce qui lui en faisait deux, en l'occurrence un dans chaque main. Etant donné qu'il s'était baissé, j'avais eu le temps d'attraper mon arc. Tenant à peine debout, je prenais une flèche, bandait mon arc et prenait mon temps pour viser l'endroit approprié. Puis je lâchais. Elle atteint son but : Le pied, pour évidemment qui ait plus de mal à se déplacer.

Lorsque je relevai la tête, une douleur apparut dans mon pied, grandissante, et même sans regarder je compris qu'elle m'avait atteint avec l'une de ses flèches. La douleur entre mes jambes légèrement passée, je repris un peu mon calme, guettant mon adversaire qui me regardait. Je pris mon courage à deux mains pour arracher la flèche que je jetai avec rage sur le sol dur. Essayant d'être le plus rapide possible malgré le sang qui s'échappait de ma plaie. Je m'approchai de mon adversaire et fis mine de ne plus bouger, quand soudainement, je lui assénai un coup de poing sur la joue droite, ayant mis min deuxième couteau dans ma main gauche.

Reprenant un couteau dans chaque main, je lui en lançai un près de la cuisse qu'elle esquiva, et profitai de sa distraction minime puis lui asséner un coup de couteau sur le haut de la poitrine, plus calme que précédemment, plus tactique.

« Rod, ça devient stupide. Je ne capitulerai pas, et elle non plus, je le sais. Comment se combat va-t-il se terminer ? On va finir par se tuer. »

Tandis que le sang s'écoulait de sa plaie, il se baissa et, avec courage, retira d'un geste vif la flèche plantée dans son pied. Puis, il s'approcha rapidement avant de s'immobiliser. J'ignorais ce qu'il projetais de faire, lorsqu'il m'asséna un gros coup de point de la joue droite, qui me disloqua presque la mâchoire. Il repris un couteau dans chaque, ayant mis le droit dans sa main gauche pour pouvoir me frapper.

Il tenta de m'asséner un coup de lame à la cuisse, que j'eus le temps d'esquiver. Le prochain fut trop rapide. Son couteau m'entailla le haut de la poitrine, m'arrachant pour la dixième fois une grimace. Mes yeux lançaient des éclairs. Je reculais, pour être à bonne distance de lui et d'avoir une meilleure vision. Il fallait changer de tactique. Prenant lentement une flèche, je visais tout d'abord lui, et au dernier moment la déviait pour qu'elle aille se loger dans la cuisse de la patte postérieure de ton Allatis qui se cabra sous la douleur.

« Il faut en finir, Pan. Arrêtons de jouer au chat et à la souris ça n'a aucun sens. On va finir par s'entre-tuer ! »

Je lui jetais un regard. Il acquiesça. Baissant mon arc, je fixais Capino qui s'était diriger vers son cheval, gardant toujours les yeux posé sur moi. Mais Lorenzo le surveillait. Je m'appuyais sur ma jambe intacte. Je le regardais d'un regard de braises, tandis que lui aussi me fixait de ses yeux noisettes. Dedans se lisait la douleur, tout comme cela d'être identique dans les miens. Je restais impassible tout en lançant :

- Alors, mon cher Scampi, que penserais ta femme en voyant que tu en agresses une autre, hein ? Parce qu'après tout, elle doit bien t'observer, de là, dis en levant les yeux vers le ciel devenu bleu. Evidemment, puisque que tu n'as pas réussi à la sauver de sa maladie. Comme c'est dommage. Ah oui, tu te demandes surement comment je connais tout ça ? Figures toi que j'ai de très bon espions dans mon clan.

Mydria dirigea son arc vers moi. Alors que je me préparais à esquiver, elle dévia la trajectoire se sa flèche pour viser le membre postérieur de Rod. Le projectile atteignit sa cible, ce qui me crispa, je ressentis presque la douleur à la place de mon Allatis. Pourquoi s'en prendre à lui ? Je me suis posé cette question pendant une seconde avant de trouver une réponse évidente : pour me déconcentrer. Ne pouvant rester indifférent à la souffrance de mon étalon, je me dirigeai vers lui pour lui ôter la flèche et la casser en deux pour passer ma colère. Je me préparai à une autre attaque, cependant, je vis mon adversaire baisser son arc et son tigre la rejoindre. Soudain elle se mit à parler :

- Alors, mon cher Scampi, que penserais ta femme en voyant que tu en agresses une autre, hein ? Parce qu'après tout, elle doit bien t'observer, de là, dis en levant les yeux vers le ciel devenu bleu. Evidemment, puisque que tu n'as pas réussi à la sauver de sa maladie. Comme c'est dommage. Ah oui, tu te demandes surement comment je connais tout ça ? Figures toi que j'ai de très bon espions dans mon clan.

Un moment, je restai immobile. Très calme. Sa remarque cinglante ne me fit rien lorsqu'elle la lâcha. Mes yeux restèrent vides. Soudainement, ses paroles mes touchèrent droit au coeur, je crus même qu'elle m'y avait enfoncé une flèche, mais ce n'était qu'une douleur intérieure, la douleur du passé qui se réveillait en moi. J'étais incapable de la chasser. Le but de ces phrases était si net pour moi et si simple à atteindre pour la chef des Trèfles. Trop simple. Je ne sus cacher cette douleur qui m'avait atteinte, soudainement, et prise au coeur comme si une main géante s'en était emparé. Cependant, le fait de me laisser battre était si impensable, surtout après ce que venait de dire mon ennemie.

« Ok ma grande. T'as atteint ton petit but. Mais moi j'ai pas atteint le mien. »

Après ces phrases courtes mais vraies, je ramassai mon épée et jetai les couteaux derrière moi. Rod marcha vers moi en boitillant et me parla en télépathie.

« Sa putain de flèche fait super mal. Comment tu fais pour marcher normalement après avoir eu ça dans le pied ? »

« Laisse tomber... Arrête de marcher, tu fais couler le sang. »

« C'est quoi le but que tu veux atteindre ? »

« Je veux la faire souffrir simplement pour lui rendre ce qu'elle m'a donné ! »

Je n'attendis pas la réponse de mon Allatis avant de brandir mon épée comme pour faire comprendre à Mydria que j'en voulais encore.

Je sentis que mes phrases avaient atteints leurs buts seulement après quelques secondes de réflexion de la part de Campino. Sans doute avait il mit un certain temps à assimiler les mots poignants que je lui avaient crachés à la figure. Ses yeux se vidèrent de toutes moqueries que j'avais observés chez lui pendant les premiers moments de combat. Il ne sut cacher la douleur, la douleur qu'il endurait, autant physiquement que mentalement.

« Ok ma grande. T'as atteint ton petit but. Mais moi j'ai pas atteint le mien. »

Je me demandais quel serait le sien mis à part me faire souffrir. Mais au niveau émotionnel, ce serait quasi mission impossible, car je ne portais pas grand intérêt à ma famille, et qu'il en dise des méchancetés ne me toucherait point. Je sentis à son regard qu'il parlait en lui, surement à son Allatis dont le sang à la patte coulait abondemment. Il brandit son épée, comme pour me faire comprendre que le combat était loin d'être terminé.

« J'imagine que tu sais ce qu'il te reste à faire Pan. Il faut qu'on en finisse, mais comment ? Si ces mots ne l'ont pas fait renoncés, qui le fera ? Je n'ai aucune envie de le tuer, mais ..? Je sais ! A mon signal, tu cours en direction de notre terre et tu vas prévenir le clan, ou du moins quelques guerriers. »

Il émit un petit signe de la tête, presque imperceptible. Je pris lentement une flèche dans mon carquois, mais la gardais à la main, sans l'encocher dans mon arc. Je comptais simplement distraire son intention, et non le blesser de nouveau, sinon mon plan ne fonctionnerait pas. Sans attendre, je lui souris, moqueuse. Un petit rire monta dans ma gorge, et, rapide comme l'éclair, j'encochais ma flèche et tirais dans l'herbe, à quelques centimètres seulement de son pied encore ensanglanté. Tout marcha à la perfection. Le temps qu'il se baisse, j'eus le temps d'hurler en pensée :

« Maintenant, cours ! »

Il n'hésita pas une seconde, et le temps que le meneur des Piques relève la tête, Pan disparaissait derrière les feuillages, et je m'apprêtais à courir, avant qu'il ne comprenne ce qu'il se passait. J'ignorais encore s'il allait nous suivre, mais je l'espérais tout de même. Gardant toujours mon arc en cas de contre attaque, je vis la queue rayé de mon Allatis disparaître derrière un buisson, puis le voir sauter au dessus d'un gros tronc que je contournais. Je déboulais sur des collines. Je ralentis quelques peu pour m'assurer qu'il me suivait bien.

[J'ai une idée 8D]

Mydria sembla réfléchir un moment, avant d'encocher une nouvelle flèche. Je me préparais donc à l'esquiver, comme à l'habitude mais mon ennemie rata son coup volontairement au vu de la distance et de l'imprécision du tir. Cependant, j'avais tout de même voulu esquiver cette flèche. Sans me rendre compte de rien, j'entendis les buissons bruisser et lorsque je relevai la tête, une queue tigrée disparaissait dans les feuilles, suivie par son humaine.

S'enfuir ? C'était simplement impossible. Mon adversaire avait semblé vouloir me distraire un moment, ce qui était malheureusement arrivé, pour laisser le temps à son Allatis de fuir. Je la suivis d'abord, lorsque je vis qu'elle tournait la tête. J'entendis Rodrigo :

« Mais mec, tu te fourre dans son piège là ! Elle vient de vérifier que tu la suivais, c'est un PIEGE ! »

La triste vérité était que mon Allatis avait raison. Mais il était trop tard pour reculer. Bien trop tard. J'entendis Rod galoper derrière moi et l'enfourchai pour plus de facilité. Malgré la rapidité de Mydria, je la rattrapai facilement à cheval et m'arrêtai devant elle pour lui couper le rythme, à elle et à son tigre, ce qui marcha. Cependant, je savais où nous étions. A proximité du Camp des Trèfles.

Ce fut seulement lorsque je m'arrêtais pour jeter un regard en arrière et vérifier qu'ils nous suivaient bien que je compris que j'avais commis une erreur fatale. Lorsque mes yeux firent une ronde pour chercher des formes en mouvants, je croisais brièvement ceux de l'Allatis de Campino, qui s'empressa de regarder son humain. Il m'avait vue !

Sans attendre je courrais le plus vite que je pouvais, devancée par mon Allatis de quelques mètres seulement. Les sons des sabots au galop du cheval me fit accélérer encore d'avantage, mais ce n'eut pour effet que de m'essouffler. Lorsque les bruits se rapprochèrent je savais qu'il serait trop tard. Je tentais quand même l'impossible, mais le chef des Piques me barra le passage, sur le dos de l'étalon.

Pan montra et les crocs en feulant, mais il n'eut pour réponse qu'un simple hennissement de la part de l'équidé. Comment faire ? Nous étions coincés, si près du but, car au loin, j'apercevais la vaste forêt de mon territoire. Mais comment y arriver avec un animal bien plus rapide que moi ? Et pourquoi pas ça...? Oui, ça pourrait marcher. J'élaborais la distance à parcourir en un saut. C'était loin, mais faisable.

« Ok, donc, encore à mon signal, tu vas te remettre à courir au camp, en moins d'une minute tu seras sur notre territoire, vas chercher de l'aide. Moi pendant ce temps, je m'occupe d'eux. »

J'avais tenté de montrer le moins possible de traits sur mon visage qui trahisse que je communique avec mon Allatis. J'espérais que cela avait fonctionné. J'avais mon petit plan en tête, mais j'étais tout à fait persuadé que le meneur adverse ne devait pas être en reste non plus. Campino était réputé pour être rusé, et... Un peu colérique, mais cette caractéristique ne me servirait rien.

« Go !!! »

Sans attendre, Lorenzo bondit sur le côté droit du cheval, et se mit à courir. Tandis qu'ils se retournaient, j'en profitais pour sauter à mon tour et atterrir sur mon agresseur qui tomba au sol, entrainé par mon poids. Nous nous retrouvrions surement un corps à corps, où, avec certitude, je n'aurais pas l'avantage, mais je comptais sur mon tigre pour aller chercher des renforts le plus rapidement possible.

Elle était coincée. Bien qu'étant sur le chemin de la victoire, j'avais un doute. Mon adversaire ne bougeait pas, et son visage ne trahissait aucune expression de communication avec son Allatis. Cependant, je connaissais cette ruse que j'appliquais souvent moi aussi, essayer de n'afficher aucune expression lors d'une conversation par télépathie. Mais que pouvait bien dire Mydria ? Ça, j'étais incapable de le deviner, si bien que je fis part de mon inquiétude à Rod.

Nous arrachant à notre conversation, le tigre bondit sur le côté droit de mon étalon tandis que je sentis un poids alourdi par la force d'un saut me tomber dessus. Instinctivement, j'amortis ma chute ou du moins je tentais : je sentis une profonde douleur dans mon dos. Un corps à corps ? J'avais peut-être une chance, mais je savais très bien où le tigre était allé.

« Rod ! Suis le tigre. Tu es assez rapide, allez grouille toi ! »

Mydria voulut faire mine de me boucher la respiration pour m’affaiblir, mais je suis attrapai les poignets et les tordis sur le côté avec le peu de force qu'il me restait. Je lâchai et me retournai pour la claquer au sol. Et c'est là que je me rendis compte que Rod, déjà parti, n'aurait aucune chance de rattraper l'Allatis de mon adversaire. Ma décision avait été précipitée et la sienne réfléchie. Je m'inquiétais, mais je comptais sur lui. En attendant, il fallait que je résiste au corps à corps.

Tandis que j'essayais vainement de boucher le nez de mon adversaire, je vis son étalon partir au galop. Le temps que je me reconcentre sur le combat, le meneur des Piques m'avait attraper les poignets, et me les tordit lestement. Je poussais un cri de douleur lorsque son poids s'abattit sur moi. Les bras écartés de chaque côté, plaqué contre le sol, je ne pouvais rien faire, pas même me défendre ou bouger.

« Allez Pan, tu peux y arriver, son cheval te suis, mais t'es plus rapide, allez !! »

Les yeux de Campino, que j'avais fixé sur moi, n'exprimait aucun sentiment, mis à part la haine qui luisait dans son regard comme une étoile dans un ciel noir de jais. Je me débattais, mais je me fatiguais autant que lui. Je secouais les bras, les jambes, la tête. Aucun de mes membres ne me servaient... A moins que... Sans hésité, je lui lancais un regard plein de sarcasme, et laissait échapper un petit rire sadique.

« Désolée, murmurais je, satirique. »

Je vis ses yeux s'écarquiller tandis qu'il comprenait, trop tard, malheureusement, ce qui allait se passer. Prenant de l'élan, je lancais ma tête en arrière puis propulsait mon genoux une seconde fois entre ses jambes. Sous la douleur, il relâcha quelque peu son emprise, et je peux lui envoyer mon point dans la figure alors qu'il se relevait maladroitement. Mais je ne devais pas me leurrer. Un homme aussi imposant que lui résistait à tout, même a la pire des souffrance.

Rien n'était encore joué, malheureusement pour moi car je fatiguais énormément, et la douleur qui se propageait dans tout le corps commençait à se faire affreusement sentir. Je soufflais. Le chef releva la tête, ses yeux annonçant encore plus que de la haine. Bien plus.

« Désolée... »

Ce moment où ma bêtise reprit le dessus. J'écarquillais les yeux. Mon ennemie me balança une nouvelle fois son genou dans les couilles. Je criai de nouveau, pour exprimer ma douleur mais surtout ma colère d'être si stupide. Je voulais ma vengeance. De plus, j'avais lâché mon emprise sous la douleur et Mydria m'avait enfoncé son poing dans la figure. Perdre le combat était impossible pour moi. Impossible. Mon ennemie fatiguait elle aussi. Mon coeur battait à tout rompre.

Je m'approchai doucement de mon adversaire. Mon bras fila vers sa figure, et comme je l'avais prévu, elle l'esquiva. Je profitai de cette intention pour la saisir au col pour, moi aussi, balancer mon genou dans son entre-jambe. Ensuite, je la projetai contre un arbre. Mon côté sans pitié avait repris le dessus. Sans lui laisser le temps de se relever, je lui balançai mon poing dans la poitrine.

J'avais dégusté ces moments. Car je savais que des renforts Trèfles allaient arriver. J'étais essoufflé, couvert de sang, qui coulait de mes blessures sales. Je me surpris à me demander si je n'allais pas crever. Mais mon adversaire souffrait autant que moi. Ça me rassura un peu. Mais vraiment un peu.

Me fixant de ses yeux foncés, je soutenais son regard lourd de colère. Je voyais qu'il réfléchissait à une façon de procéder pour me faire souffrir autant que je l'avais fait, mais son premier geste fut de m'envoyer son poing dans le visage, ce que bien sur j'eus le temps d'esquiver, car, avec la douleur, tous ses mouvements étaient ralentis.

Je m'étais évidemment baisser pour éviter le main serré du meneur, mais il eut l'occasion de m'attraper le col de la chemise, et, ne pouvant plus bouger, il m'envoya son genou entre les jambes. Je ressentis la douleur insoutenable que je lui avait infligée a deux reprises. J'entrouvris la bouche pour hurler, mais aucun son n'en sorti. Les bras entourant mon ventre, pliée en deux, je me retournais, mais j'eus juste le temps de voir Campino m'envoyer valser contre l'arbre le plus proche.

Le choc fut violant, si violant que je crus perdre connaissance, mais je gardais conscience, et me relevais. A peine fus je sur mes jambes qu'il m'envoya son poing dans la poitrine. Je fermais les yeux, me pliais de nouveau en deux. J'avais l'impression de mourir. Je voyais dans les yeux de mon adversaire qui me fixait une certaine satisfaction mélangé de sadisme apprécié. Le sang coulait de nos blessures couvertes de poussière.

Je reprenais mon souffle tandis que je faisais face a la réalité. Si Lorenzo n'arrivait pas immédiatement avec des Trèfles en renfort, je risquais presque la mort. Quoi que nous avions le même nombre de blessures et nous étions fatigués au même point. Une fois légèrement reposée, je serrais les dents et lui crachais au visage, au sens propre du terme. Ma salive lui arriva sur les yeux puis coula sur sa peau sale.

« J'arrive ! »

Reconnaissant la voix de mon Allatis dans mon esprit, je repris confiance, attrapais les épaules de mon agresseur et lui donnait un violant coup de tête. Il parut sonner, et lorsque je relâchais mon emprise, il s'écroula à genoux, sans toutefois s'évanouir. Au loin, j'entendais déjà les bruits des pas, les cris des animaux. Un rictus vint se former sur mon visage. Je pris le temps de me baisser, de prendre un petit tas de sable dans mes mains et l'étaler sur celles ci, comme je le faisais souvent avant de tuer une proie a la chasse.

Lorsque je me relevais, Pan sautait déjà par dessus un buisson suivit de mon lieutenant et quelques guerriers. Ils encerclèrent l'homme qui s'était entre temps relever. Son épée a la main, il tournait la tête en tout sens. Mon tigre me rejoignit au pas, et je lui caressais les oreilles avant qu'il ne se mettent a lécher mes blessures sur les jambes.

Je m'approchai de mon ennemie. Elle me cracha au visage. Je lisais une certaine lueur de désespoir dans ses yeux, jusqu'à ce qu'ils se mettent à briller. Je n'eus pas le temps de réagir à cela et Mydria m'attrapa par les épaules pour me donner un violent coup de tête. La douleur se fit sentir tout de suite. Une douleur insupportable, tellement insupportable que je m'écroulai à genoux. Mon esprit s'embrouillait et la fatigue s'emparait de moi.

« Rod... »

Je relevai la tête. Je ne pouvais pas perdre ce combat. Je me remis difficilement sur pieds, m'attendant à tout moment à un nouveau coup de genoux entre les jambes, un coup de poing ou autre, qui me ferait crever et abandonner. Mais rien de cela n'arriva, bien pire. L'Allatis de mon adversaire sortit des broussailles suivi d'une paire de guerriers, en plus du lieutenant que je reconnus tout de suite étant donné que je l'avais déjà rencontré. Le désespoir s'empara de moi. Tout était fini.

Le souffle court, j'inspectais avec attention les hommes qui m'avaient encerclé. Peut-être ceux qui allaient mettre fin à mes jours. Mon coeur se serra et se mit à battre à tout rompre, ce qui arrivait très rarement lors de combats. Je voulus m'effondrer tant mes jambes étaient lourdes et mes blessures douloureuses. Mais j'entendis une voix au fond de moi, une voix qui semblait m'avoir abandonné depuis des heures...

« J'arrive. J'ai vu le tigre se pointer avec les renforts. A mon signal, tu t'effondres, comme si tu ne tenais plus le coup. A ce moment, je sors du buisson et je fonce dans le tas. »

L'idée de Rodrigo me semblait excellente. Sa voix me redonna espoir, et sa solution, aussi risquée et irréfléchie qu'elle soit, était la seule possible. C'était ça ou perdre. Ou mourir. Mais si je perdais ce combat, je préférais autant mourir. L'humiliation serait trop grande sinon. Reprenant mes esprits, je vis que les hommes s'approchaient de moi l'air menaçant. J'attendis le signal de mon Allatis.

« ... VAS Y ! »

Mon regard se fit vaseux. Mes jambes tremblèrent, et je lâchai mon épée. Je tombai à genoux, un filet de sang aux lèvres, et cognai ma tête contre le sable. Je ne bougeai plus. Je faisais le mort. Là, je me souvins de l'entraînement intensif que j'avais reçu pour cela. Plusieurs personnes m'avaient déjà cru mort. Je ne faisais plus un bruit et écoutai ceux autour de moi. Je sentais les regards posés sur moi, et j'entendis des murmures confus. Puis des pas. Des pas de plus en plus proches, qui résonnaient dans ma tête tels un glas.

Une main se posa sur moi, une main glacée. J'entendis le bruit d'une lame qui sort de son fourreau... Si Rod n'arrivait pas tout de suite, le mec à côté de moi s'assurerait que je suis bien mort... Et un bruit de galop sonore, qui ne laissa pas le temps aux hommes de réagir, me fit sursauter. Je relevai brusquement la tête, me levai et enfonçai mon poing dans le visage de l'homme à côté tendis que Rod s'était cabré sur la tête d'un guerrier, laissant la trace du sabot sur le visage sans vie.

La force m'était revenue avec l'espoir. Mais je savais, je savais que tout ne pourrait pas se passer si facilement...

Mes hommes ainsi que Kyndra, ma lieutenante, encerclèrent le meneur des Piques qui s'était difficilement relevé. Je tournais les yeux vers ma Sous chef qui inclina légèrement la tête en avant pour me salué. Je lui souris, avant de reporter mon attention sur Campino qui semblait maintenant sur point de s'écrouler de douleur et de fatigue, tout autant que moi à vrai dire. J'ignorais encore quel sort je réservais a cet homme, le tué, le faire prisonnier ..? Je pense que nous l'emmenions d'abord au camp avant de décider de son destin qui ne serait en aucun cas glorieux. Mais quelque chose me tracassais. Son Allatis n'était toujours pas revenu. Où était il ? Et si il ne revenait pas pour son humain, comment le retrouver ? Le seul moyen d'éviter cette menace serait de tuer son maître, son animal le rejoignant quelques secondes plus tard ...

Dès que je levais un pied pour me rendre au près de mes guerriers, une douleur insoutenable se fit sentir, et je dus m'accroupir en serrant les dents pour ne pas hurler. Mao, un espion du clan, se pencha vers moi et m'aida a me redresser. Une fois de nouveau debout, je chuchotais avec lui lorsque Campino s'écroula comme une masse sur le sol, son corps faisant un boum suivi d'un nuage de poussière après l'impact. Mort, ou sur le point de mourir ? Mon espion en chef s'approcha de lui, plia ses genoux et posa ses mains sur son torse et sa chemise couverte de sang. Il releva les yeux, inquisiteur. Il ne savait donc pas ? Je cherchais le moindre signe de vie chez le meneur ennemi, mais sa poitrine restait étrangement immobile. Je fis un signe de tête a Mao, qui sortit l'épée de son fourreau. Alors qu'il la levait vers le ciel, des bruits de sabot ainsi qu'un son régulier de galop se fit entendre.

Son Allatis surgit des broussailles quelques secondes plus tard, tandis que son humain envoyait son poing dans la figure de Mao. Son cheval se cabra pour écraser le visage de Nichö, laissant la trace de ses pattes sur sa face sans vie. Tout se passait si vite que je n'eus pas le temps de réagir aussi vite que Campino qui avait déjà ramassé son épée et se battait en duel avec mon guerrier. Mais tout cela ne se terminerait pas ainsi. Jamais. Je sortais mon arc, et tirais une flèche de mon carquois. Je le bandais et tentais de viser l'ennemi, sans succès. Il bougeait trop. Je prenais donc comme cible son Allatis, plus lourd donc moins rapide. J'essayais de respirer, de calmer on coeur qui battait la chamade tandis que deux guerriers tentaient de maitriser l'animal. Fermant les yeux une seconde, j'espérais très fort que la flèche atteigne son but. A côté. Mais la pointe n'était qu'a quelques centimètres de l'ancienne blessure, et la douleur était aussi intense que je le voulais. Je l'espérais en tout cas.

Je ressentis une douleur. Mais pas une douleur concrète. C'était mon Allatis qui souffrait, et j'eus à peine le temps le jeter un coup d'oeil pour voir ce qui lui était arrivé. Je remarquai une flèche plantée à quelques centimètres de son ancienne blessure et grimaçais tant la douleur devait être atroce pour lui. Il hennit de souffrance, et, furieux, je regardai mon ennemi dans les yeux. Je serrai les dents et mon épée claqua contre la sienne. Je poussais de toute mes forces pour le déstabiliser et, profitant de son inattention, je lui pris le poignet en serrant fort. Sous le choc, il lâcha son arme. Sans qu'il ait eu le temps de réagir, je le pris par les épaules et lui enfonçai mon pied dans l'entre jambe. Je lui mis un coup de tête, ce qui me fit moi aussi souffrir.

Le guerrier s'effondra, sonné. Il ne restait que le lieutenant et Mydria avec leurs Allatis en état de se battre. J'étais furieux, ce qui me donna de l'espoir. Je courus vers la lieutenante qui tenait mon Allatis blessé et fatigué pour la faire lâcher prise, mais je vis mon ennemie principale se diriger vers moi... Elle me visait avec son arc et son tigre s'approcha de Rod, trop près à mon goût. Je fis volte-face et vis le regard scintillant du félin, prêt à capturer sa proie.

« Rod, je peux pas me battre contre un putain de tigre. Il va me déchiqueter. Fous un coup de boule à l'autre qui te tient. Fais gaffe, je vais t'enlever ta flèche... »

Sur ces derniers mots, mon étalon me fit un regard suppliant, car c'était atrocement douloureux de se faire enlever une flèche. Très rapidement, je m'accroupis et retirai le projectile du membre arrière de l'animal. A ce moment, je vis Mydria fondre sur moi. Je n'avais aucune chance en cette position, et mon adversaire me plaqua avec force au sol, ce qui me déstabilisa. Je ressentis une vive douleur à la tête. Je ne m'en sortirais jamais. Soudain j'entendis un bruit sourd : le coup de boule de Rod. Celui-ci en profita pour attaquer le tigre, ce qui distrait une seconde mon adversaire. Je levai le bras, attrapai les dernières flèches dans son carquois et les jetais le plus loin que je pus derrière les buissons. Puis je ressentis une douleur insupportable dans la poitrine, ce qui m'empêcha de respirer. J'allais mourir... De la brume emplit ma vue, et je vis les yeux de Mydria se poser furieusement sur moi, fureur qui trahissait qu'elle n'avait guère apprécié ce que je venais de faire.